CODEVI

Comité de défense de Villiers-sur-Marne et de ses habitants

Le nouveau Petit Journal du Codevi est paru !

Thème : Non classé,Petit journal  - mardi 6 décembre 2022

Le nouveau Petit Journal du Codevi est en cours de distribution. Si vous ne l’avez par encore reçu, demandez-le par mail à info@codevilliers.fr (laissez votre nom et adresse – confidentialité garantie)

  1. Meilleurs vœux 2023 à l’Equipe du CODEVI. Continuez à défendre les vieilles maisons…
    Je vous joins un poème qui rappelle qu’elles ont une âme…

    Les vieilles maisons

    Je n’aime pas les maisons neuves :
    Leur visage est indifférent ;
    Les anciennes ont l’air de veuves
    Qui se souviennent en pleurant.

    Les lézardes de leur vieux plâtre
    Semblent les rides d’un vieillard ;
    Leurs vitres au reflet verdâtre
    Ont comme un triste et bon regard !

    Leurs portes sont hospitalières,
    Car ces barrières ont vieilli ;
    Leurs murailles sont familières
    À force d’avoir accueilli.

    Les clés s’y rouillent aux serrures,
    Car les coeurs n’ont plus de secrets ;
    Le temps y ternit les dorures,
    Mais fait ressembler les portraits.

    Des voix chères dorment en elles,
    Et dans les rideaux des grands lits
    Un souffle d’âmes paternelles
    Remue encor les anciens plis.

    J’aime les âtres noirs de suie,
    D’où l’on entend bruire en l’air
    Les hirondelles ou la pluie
    Avec le printemps ou l’hiver ;

    Les escaliers que le pied monte
    Par des degrés larges et bas
    Dont il connaît si bien le compte,
    Les ayant creusés de ses pas ;

    Le toit dont fléchissent les pentes ;
    Le grenier aux ais vermoulus,
    Qui fait rêver sous ses charpentes
    À des forêts qui ne sont plus.

    J’aime surtout, dans la grand’salle
    Où la famille a son foyer,
    La poutre unique, transversale,
    Portant le logis tout entier ;

    Immobile et laborieuse,
    Elle soutient comme autrefois
    La race inquiète et rieuse
    Qui se fie encore à son bois.

    Elle ne rompt pas sous la charge,
    Bien que déjà ses flancs ouverts
    Sentent leur blessure plus large
    Et soient tout criblés par les vers ;

    Par une force qu’on ignore
    Rassemblant ses derniers morceaux,
    Le chêne au grand coeur tient encore
    Sous la cadence des berceaux.

    Mais les enfants croissent en âge,
    Déjà la poutre plie un peu ;
    Elle cédera davantage ;
    Les ingrats la mettront au feu …

    Et, quand ils l’auront consumée,
    Le souvenir de son bienfait
    S’envolera dans sa fumée.
    Elle aura péri tout à fait,

    Dans ses restes de toutes sortes
    Éparses sous mille autres noms ;
    Bien morte, car les choses mortes
    Ne laissent pas de rejetons.

    Comme les servantes usées
    S’éteignent dans l’isolement,
    Les choses tombent méprisées,
    Et finissent entièrement.

    C’est pourquoi, lorsqu’on livre aux flammes
    Les débris des vieilles maisons,
    Le rêveur sent brûler des âmes
    Dans les bleus éclairs des tisons.

    Sully Prudhomme,
    Les solitudes

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